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"Mais ici, il n'y a pas de justice" – Retour sur les mobilisations à la mémoire de Clément

"Mais ici, il n'y a pas de justice" – Retour sur les mobilisations à la mémoire de Clément

Dans de nombreuses villes (Brest, Vannes, Toulouse, Bordeaux, Besançon, Lille, Paris, Auch, Montpellier, Nîmes…), manifestations et rassemblements ont marqué les deux ans de l’assassinat de Clément Méric. A Paris, la manifestation a rassemblé plus de 4 000 personnes. Solidaires étudiant-e-s et l’AFA (Action antifasciste Paris-Banlieue), deux organisations dont Clément était membre, se sont particulièrement mobilisées. Etaient présent-e-s aussi, des associations contre les violences policières, des collectifs, un cortège féministe, des partis politiques et un important cortège de militant-e-s du HDP, parti turc pro-kurde. La manifestation a été rejointe dans un beau moment de convergence par les réfugié-es expulsé-es de La Chapelle. Partant de Bastille, la manifestation s’est conclue à Ménilmontant, où ont lieu plusieurs prises de paroles. Voici celle de Solidaires étudiant-e-s (pour écouter l’intégralité des prises de parole, suivez-ce lien : https://paris-luttes.info/manifestation-antifasciste-en)
 
Notre colère est intacte. Deux ans déjà, et la commémoration de ce jour où l’un des nôtres a été assassiné suscite en nous la même douleur et la même rage. « Notre colère est intacte. Le bilan que nous dressions l’an dernier, celui de la progression de l’extrême-droite et de ses idées était accablant. Il l’est autant, sinon plus, cette année : nous ne répéterons jamais assez l’urgence qu’il y a à stopper la progression fasciste et à combattre ce système qui la nourrit. »
L’islamophobie sévit plus que jamais, le FN n’en finit plus d’occuper l’espace médiatique et politique, la répression gouvernementale s’accroit de jour en jour : violences policières inlassablement impunies, surveillance généralisée, criminalisation des mouvements sociaux et des militant-e-s, harcèlement des migrant-e-s, des musulman-e-s, des Rroms. Nous ne cesserons de le répéter : le fascisme ne grandit pas seul. La confiance dont fait preuve l’extrême-droite est permise par et se nourrit des discours et des pratiques racistes, xénophobes, homophobes, provenant des institutions de pouvoir.
Notre colère est intacte. En septembre dernier, l’assassin de Clément était remis en liberté : pendant ce temps, les procédures judiciaires s’éternisent, malgré les preuves accablantes contre les militants de Troisième Voie responsables de sa mort. Cette impunité est insupportable. Elle est une nouvelle preuve, s’il en fallait, que nous ne pouvons pas nous en remettre à la justice pour lutter contre l’extrême-droite. Notre combat n’est pas celui d’une vengeance judiciaire par l’obtention de lourdes peines, il est celui pour la justice et pour l’anéantissement du projet fasciste.
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Mais ici, il n’y a pas de justice. Il n’y a pas de justice quand les idées de haine et de violence de l’extrême-droite sont mises sur le même plan que les idées d’égalité et de justice sociale que nous portons. Il n’y a pas de justice quand des assassins, qu’ils soient fachos ou flics, peuvent parader fièrement dans les rues pendant que nous enterrons les nôtres. Il n’y a pas eu de justice pour Zyed et Bouna, il n’y a pas eu de justice pour Abou Bakari Tandia, il n’y a pas eu de justice pour Lamine Dieng, pour Abdelhakim Ajimi, pour Ali Ziri, pour Mohamed Boukrourou.
Il n’y a pas de justice, et nous ne pourrons compter que sur nous-mêmes dans ce combat. C’est en nous organisant de manière autogestionnaire, en discutant collectivement, en cherchant à recréer du lien et de la solidarité à la base, en imaginant et en mettant en pratique d’autres manière de vivre et de lutter que nous combattrons le plus efficacement le fatalisme, l’individualisme et les idées réactionnaires qui sont le lit du fascisme.
Dans nos facs, nos lieux de travail, organisons-nous pour reprendre le contrôle de nos vies ! Faisons barrage à l’extrême-droite et à ses idées. Lutter contre le culte des chefs et les hiérarchie, lutter pour se donner les moyens de l’auto-émancipation, lutter pour un travail émancipateur, lutter contre toutes les dominations, lutter contre la misère et pour l’égalité radicale des droits, lutter contre le désespoir et le renoncement, lutter pour faire vivre l’espoir dans nos luttes… Sont autant de luttes qui nourrissent notre combat antifasciste. Parce que l’antifascisme est un combat qui se vit dans la rue, dans le mouvement social. Nous l’avons promis il y a deux ans et nous n’avons rien perdu de notre détermination : Clément vivra, toujours dans nos combats.
 
6 juin 2015

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