Ce Vendredi 24 Juin, la Cour suprême des États-Unis est revenue sur l’arrêt Roe Vs Wade qui garantissait entre autre le droit à l’avortement dans tous les États du pays, un retour en arrière sur un droit fondamental obtenu il y a 40 ans. Treize États ont déjà ou ont prévu d’interdire l’avortement.
Cette attaque survient dans un contexte de montée globale de l’extrême droite et participe d’une répression globale et systémique contre les femmes et minorités de genre. Les restrictions des droits à disposer de son corps ont toujours été un moyen de contrôle social et économique : stérilisations forcées des femmes racisées pour perpétuer la suprématie blanche, restriction des droits des personnes trans, incitation pour les femmes des classes populaires à avoir plusieurs enfants pour assurer la reproduction de la classe laborieuse… Même si la révocation de Roe vs Wade est une victoire pour le mouvement conservateur et l’extrême droite, ils ne s’arrêteront pas là. Le juge Clarence Thomas a ainsi déclaré que les prochains cas sur lesquels il faudrait revenir selon lui seraient ceux portant sur le droit à la contraception, le mariage et les relations homosexuelles. Une attaque sur l’un-e d’entre nous est une attaque sur toutes et tous.
Si cette menace peut paraître lointaine, il est nécessaire de rappeler que le mouvement réactionnaire est mondial (notamment financé par l’Église catholique). En France, le gouvernement Macron s’affiche fièrement au côté de l’extrême-droite, après une campagne de diabolisation de la gauche, en disant vouloir travailler avec elle. Le libéralisme est ainsi au mieux impuissant face à l’extrême-droite (comme aux États-Unis ou les démocrates maîtrisent la branche exécutive et législative) ou au pire complice (vote contre la constitutionnalisation de l’IVG en 2018 ; au regard duquel la proposition de loi constitutionnelle portée par Aurore Bergé apparaît contradictoire ; vote contre la suppression de la clause de conscience en 2021, etc.). Et l’extrême-droite vient avec son lot d’idées racistes, sexistes, transphobes, homophobes et autoritaires. Sur le sujet de l’autonomie du corps des femmes, Marine Le Pen a ainsi dénoncé tout au long de sa carrière les “avortements de conforts” et défendu le non-remboursement de l’IVG par la sécurité sociale. Il est donc primordial de comprendre que ces attaques contre les femmes, les personnes trans, les personnes racisées et les minorités de manière plus générale sont également un risque chez nous. Face à l’extrême-droite, nous nous rendons compte à quel point notre statu quo est fragile, aujourd’hui plus qu’hier avec 89 député-es RN à l’Assemblée. Les lois venant s’attaquer spécifiquement à une minorité (personnes trans, femmes musulmanes, etc.) sont le terrain d’expérimentation pour des restrictions touchant à l’avenir l’ensemble de la population. C’est pourquoi nous ne serons pas libres tant que tout le monde ne le sera pas. Les droits ne s’acquièrent pas dans les urnes mais se conquièrent dans la rue. Rappelons que le droit à l’IVG reste inégalitaire en France : arnaques à l’avortement (notamment sur les échographies pré-IVG), méthode médicamenteuse souvent imposée, éloignement des centres notamment pour les IVG tardives, délais d’attente à rallonge, non respect de la confidentialité, clause de conscience, etc.
Ainsi, exigeons l’allongement du délai d’avortement, l’inscription du droit à ce dernier dans la constitution et la garantie de l’accès égalitaire à ce droit. Et combattons toutes les attaques réactionnaires !
La lutte pour le droit à l’avortement libre et gratuit est une lutte contre l’extrême-droite, le racisme et le capitalisme !