[TW Suicide/Transphobie]
Mercredi soir, Doona, une étudiante trans, a mis fin à ses jours à la gare Saint-Roch à Montpellier. Cette jeune femme avait déjà lancé plusieurs appels à l’aide sur les réseaux sociaux. De plus, ses problèmes étaient connus du service médical de l’Université Paul Valéry (médecin de la médecine préventive), et de l’hôpital Lapeyronie. Elle avait, en effet déjà fait plusieurs tentatives de suicide chez elle à la Cité Universitaire Vert-Bois, dont les équipes étaient au courant.
Lors de ses prises en charge à l’hôpital, elle a subi une maltraitance médicale importante due à la transphobie du personnel soignant, ce qui l’a poussée à s’enfuir avant d’avoir reçu tous les soins adaptés. Nous tenons à rappeler que la transphobie médicale institutionnalisée pousse nombre de personnes trans à ne plus aller consulter, que ce soit médecin généraliste ou urgences, ce qui nuit considérablement à leur santé ! Ça a été le cas de Doona qui depuis ces épisodes traumatiques à l’hôpital, n’a plus jamais voulu retourner aux urgences, alors que sa santé mentale se dégradait de plus en plus.
Suite à ces hospitalisations fréquentes, le CROUS lui a explicitement dit que si elle retentait de se suicider, ils lui retireraient son logement et ses bourses. Le jour même, elle mettait fin à ses jours. Encore une fois, l’État, à travers le personnel médical, maltraite les personnes trans. Il précarise les étudiant-e-s, dégrade leur santé mentale, parfois jusqu’au suicide. A travers la transphobie et la psychophobie institutionnalisées, l’Etat est directement responsable de la mort de Doona.
Nous demandons justice pour Doona, Anas, et tous-tes les autres victimes de la précarité étudiante et du Crous
En effet, cette situation n’est pas isolée : de nombreux CROUS en France font pression sur des étudiant-e-s, le plus souvent discriminé-e-s par ailleurs. Nous pouvons prendre l’exemple du CROUS de Bordeaux, qui a délibérément ciblé des étudiant-e-s étranger-e-s pour refuser leur demande de renouvellement d’occupation, sans prendre en compte leurs situations financières et leur évolution due à la pandémie. À cela s’ajoutent d’autres pressions : mails insistants, changement de serrure…
Ces pressions sont à remettre dans un contexte plus global : celui de la libéralisation de l’Enseignement Supérieur et de l’injonction à la rentabilité des services du CROUS. Le but du CROUS n’est en effet pas d’aider les étudiant-e-s, mais d’assurer une rentabilité. Ainsi, il aide à les précariser, et va même jusqu’à cibler des étudiant-e-s particulièrement précaires, les poussant parfois au suicide, s’ils entravent cette course à la rentabilité.
L’État doit arrêter la course à la rentabilité du CROUS, qui a un bilan meurtrier. La précarisation des étudiant-e-s et les cadeaux offerts au privé, aussi bien dans l’Enseignement Supérieur que dans l’administration du CROUS, ne servent que les intérêts communs de l’État et de la bourgeoisie et doivent être arrêtés, au profit de la mise en place d’un plan de lutte concrète contre la précarité étudiante, en particulier celle des étudiant-e-s subissant par ailleurs une oppression systémique.
Nous exigeons que le CROUS de Montpellier et son directeur Pierre Richter reconnaissent leurs fautes et que soient prises au niveau national des mesures concrètes en urgence : la formation des personnels CROUS et hospitaliers aux questions LGBTI+ et relatives à la santé mentale, l’impossibilité pour le CROUS d’exclure les étudiant-e-s de leurs logements (avec la transformation des droits d’occupations en baux de droits communs), la création de cellules psychologiques non-mixtes LGBTI+ afin de rendre compte à l’administration des universités de la transphobie et de ce qu’il doit être fait pour y remédier, la création d’une commission contre les discriminations au CROUS, ainsi qu’un fond d’aide aux personnes trans ; et de manière générale, des moyens à la hauteur des besoins pour que les étudiant-e-s vivent et étudient dans des conditions d’existence dignes.