Du 22 mai au 2 juin ont lieu les élections au CNESER. Les élu-e-s doctorant-e-s votent avec l’ensemble des élu`e-s étudiant-e-s : une étrangeté qui incite les organisations étudiantes à courtiser les votes des doctorant-e-s sans pour autant prendre conscience de notre situation spécifique et relayer nos revendications propres. Nous ne considérons pas que les intérêts des doctorant-e-s et des étudiant-e-s sont différents ou opposés mais nous pensons que, du fait de nos statuts divers, nous rencontrons des problèmes très spécifiques et sommes concerné-e-s par certaines questions de manière très particulière par rapport à l’ensemble des étudiant-e-s.
C’est pourquoi, entre doctorant-e-s, membres ou non de Solidaires Étudiant-e-s, investi.e.s dans les mobilisations notamment de précaires, nous avons mené un travail collectif. Concrètement, qu’est-ce que nos élu.e.s porteraient au CNESER pour défendre nos intérêts matériels et moraux de doctorant.e.s ?
Le constat d’une professionnalisation ambigüe
Les doctorant-e-s ont des statuts très divers. Certain-e-s sont financé-e-s, d’autres non. Mais, même parmi ces 2 catégories, les conditions de travail sont très variables (intégration aux équipes de recherche, rémunération, moyens matériels…). Cette diversité des statuts implique de fortes inégalités face aux évolutions actuelles.
Les doctorant-e-s sont aujourd’hui soumis-es à des exigences très contradictoires s’agissant de la « professionnalisation ». La « carrière académique » (faire un thèse pour espérer être enseignant-e titulaire dans l’ESR) reste une voie « royale », ultra-légitime voire unique dans de nombreuses disciplines. Néanmoins, étant donné le manque de postes, et quelle que soit la discipline, les doctorant-e-s sont « incité-e-s » à se « professionnaliser », niant ici que leur doctorat est un travail. Derrière ce terme, se cache le fait de se « vendre », de « valoriser ses compétences » auprès d’entreprises privées. Ces incitations sont aberrantes car elles représentent un coût pour l’université (formations obligatoires au niveau des ED ou COMUE, participation ou organisation de divers salons…), qu’elles constituent souvent un ramassis idéologique d’idées générales détachées de toute réalité et de lien avec nos études, mais aussi car les entreprises dévalorisent clairement les docteur-e-s, notamment dans certaines disciplines.
En parallèle, les disciplines, notamment en SHS, véhiculent une vision ultra-académique des thèses. Le doctorat serait la grande recherche d’une carrière académique, exigeant un volume et une durée de thèse considérables. Pris-es dans ces contradictions, les doctorant-e-s sont alors sous des pressions fortes dont il est difficile de se sortir et au sein desquelles il ne s’agit pas ici de prendre position.
Cette tension autour de la professionnalisation nous concerne tou.te.s, quelque soit notre discipline ou notre statut. Elle appelle une réflexion collective et des propositions concrètes : l’opposition à la limitation de la durée des thèses, des formations doctorales de qualité ou encore la reconnaissance du doctorat dans les conventions collectives. Mais, au-delà de cette question de l’« avenir », quelles revendications porter pour améliorer notre quotidien ?
Une représentation réelle et démocratique
L’invisibilisation des doctorant-e-s, à la fois chercheuses/rs, enseignant-e-s et étudiant-e-s, est manifeste dans les structures universitaires. Or, pour se faire entendre, mieux vaut souvent disposer de relais dans les instances universitaires, même si celles-ci ont des marges de manoeuvre aléatoires. C’est pourquoi notre liste revendique la représentation au sein des instances universitaires des doctorant-e-s réuni-e-s dans un collège électoral unique, séparé de celui des autres étudiant-e-s et des personnels titulaires, et ce à tous les niveaux : conseils centraux, conseils de composantes, CHSCT, CT, COMUE et CNESER.
Pour en finir avec la précarité
Nous partageons les revendications de la « Plateforme de revendications » adoptée par la réunion nationale des Collectifs de Précaires de l’ESR des 28 et 29 mai 2016. Cette plate-forme réclame :
• la titularisation des tou-te-s les contractuel-le-s et vacataires de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche travaillant sur des fonctions pérennes !
• la création massive et financement public de contrats doctoraux et de postes de titulaires à l’Université et dans la Recherche pour l’ensemble des corps de métiers (enseignant-e-s et/ou chercheur-e-s, bibliothécaires, personnels administratifs, techniques et sanitaires), notamment par la réaffectation de l’argent du Crédit Impôt Recherche !
• un audit public sur l’état de la précarité dans les Universités et les organismes de recherche, et recensement dans les bilans sociaux des établissements du nombre et du poids des contractuel-le-s, des vacataires et des sous-traitants !
• la mensualisation du paiement des vacataires et des contractuel-le-s, et le respect du droit du travail (comme l’obligation de signature d’un contrat de travail avant la prise de fonction, et de remise de fiches de paie mensuelles) !
• la fin du travail gratuit et la rémunération de toutes les activités invisibles effectuées par les non-titulaires : surveillances d’examens et correction de copies, heures supplémentaires non payées, vacations et activités de recherche non rémunérées, recours abusif aux stages, jurys et directions de mémoires etc.
• L’accès au doctorat doit être un droit pour tout-e-s : les doctorant-e-s doivent être rémunéré-e-s décemment pour réaliser leur travail de production de connaissances, sans limitation a priori de la durée des thèses et avec exonération des frais d’inscription !
• la transparence dans l’attribution des financements de thèse, des postes d’ATER et des contrats post-doctoraux, et dans les procédures de qualification et de recrutement des enseignant-e-s-chercheur-e-s : publication des rapports des comités de sélection et motivation individualisée des refus !
• l’allongement de la durée de rattachement des nouvelles/aux docteur-e-s à leur laboratoire, avec accès aux locaux et aux financements au même titre que les titulaires !
• l’abrogation des critères de nationalité dans l’accès aux postes et financements, et attribution d’un titre de séjour de « travailleur-e » aux doctorant-e-s et docteur-e-s étranger-e-s, afin qu’ils et elles puissent bénéficier des allocations-chômage dues à l’issue de leur contrat de travail !
• la lutte contre les discriminations systémiques à l’Université et dans la Recherche qui s’appuient sur et qui renforcent les situations de précarité !
Solidaires étudiant-e-s, syndicats de luttes
Porte-parolat : 06.86.80.24.45
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