ANALYSESAnti-répressionANTIRACISMECOMMUNIQUESUncategorized

De Mayotte à Sainte-Soline, solidarité avec toutes les victimes des violences policières

De Mayotte à Sainte-Soline, solidarité avec toutes les victimes des violences policières

Depuis plusieurs décennies, les gouvernements successifs s’attaquent à nos conquêtes sociales et les mandats d’Emmanuel Macron ont été marqués par une accélération de la casse de nos droits et nos conquis sociaux. Ces attaques s’accompagnent d’une forte répression de toutes les mobilisations sociales et écologistes en cours – contre la réforme des retraites ou contre les méga bassines à Sainte-Soline le 25 mars dernier -, en s’appuyant sur une police violente dans la rue et une justice dévoyée dans les tribunaux.

Cependant, il est important de rappeler que les violences policières ne sont pas apparues avec la répression du mouvement social actuel. Avant d’impacter les syndicats, associations, journalistes et militant-es, l’institution policière n’a eu de cesse de perpétuer et renforcer un ordre racial et colonial dans l’Hexagone et les DROM-COM.

En effet, dès la fin de cette semaine autour du 21 avril – date de la fin du ramadan -, le Ministère de l’Intérieur lancera l’opération Wuambushu à Mayotte, qui consiste en la traque et l’expulsion en masse des personnes en situations irrégulières – en grande partie comoriennes -, le tout en barricadant l’île pour empêcher la couverture médiatique de l’opération et la présence d’organismes humanitaires. On peut également se rappeler de la répression policière et des centaines d’interpellations survenues en Martinique et en Guadeloupe après les manifestations et révoltes de novembre 2021 en protestation à la vie chère et aux restrictions sanitaires.

Si l’étude du texte a été repoussée, la loi Asile et Immigration – aussi appelée Loi Darmanin – vise à durcir les conditions de régularisation, faciliter l’emprisonnement en Centre de Rétention Administrative (CRA) et les expulsions des personnes en situation irrégulière, et soumettre ces dernières à l’exploitation patronale. En parallèle de cela, nous avons tous-tes en tête les “évacuations” cruelles des campements d’exilé-es à Calais, ou encore les centaines de personnes laissées pour mortes en Mer Méditerranée devenue un véritable cimetière car nos gouvernements successifs refusent de faire débarquer les bateaux dans les ports.

Plusieurs collectifs de familles de victimes tentent d’attirer l’attention de l’opinion publique sur le harcèlement policier et ses crimes racistes  perpétrés  dans les quartiers populaires, véritables laboratoires de la répression en termes de méthodes et d’armes déployées. Des dizaines de personnes meurent tous les ans entre les mains de policiers, sans compter celles mutilées ou traumatisées psychologiquement. Les familles de victimes se battent d’arrache-pied pour obtenir justice et vérité face à un système judiciaire complice, qui bâcle les dossiers pour protéger à tout prix les meurtriers et absoudre l’institution.  Ce ne sont que quelques illustrations du fait que les brimades, les passages à tabac, les arrestations voire les meurtres de la police ont pour cibles premières les personnes racisées, exilées, habitantes des quartiers populaires ou des néo-colonies que sont les DROM-COM. 

Si le sujet de la violence policière s’empare de la sphère médiatique aujourd’hui, c’est parce qu’il s’étend au-delà des populations qui la vivent au quotidien. Cette violence étatique s’illustre de nouveau depuis la répression du mouvement social historique contre la réforme des retraites, notamment depuis l’adoption en force de la loi à l’aide de l’article 49 alinéa 3 de la Constitution. 

Des exemples marquants de cette violence se multiplient partout en France, on pense notamment aux 292 personnes placées en garde à vue “préventive” lors de manifestations contre le recours au 49.3, ou encore au déchaînement de violence qui a eu lieu à Sainte-Soline le 25 mars, causant plus de 200 blessé-es, dont un toujours dans le coma. Il serait malheureusement impossible d’en dresser une liste exhaustive.

Même lorsque la police réprime le mouvement social nous ne sommes pas tous-tes égales-aux face à cette violence, comme nous le rappellent les faits du 14 mars à Nantes, où quatre étudiantes ont déposé une plainte pour violences sexuelles par personnes dépositaires de l’autorité publique, accusant des policiers de gestes et propos à caractère sexuel lors d’une fouille. On pense aussi aux lycéens mineurs qui ont subi à Sevran plus de 30h de garde à vue, des humiliations et des réflexions racistes après un blocage de leur établissement. Cet acharnement policier ne s’abat pas de la même manière sur celles et ceux qui se mobilisent ou qui se tiennent à l’écart de peur de la répression. Cette dernière s’étend aussi aux organisations syndicales et associatives dès lors qu’elles s’opposent un peu trop fortement au gouvernement, selon un schéma qui se répète. 

En effet, depuis que le gouvernement a fait passer les lois Sécurité Globale et de “confortement du respect des principes de la République”, le pouvoir s’appuie sur des outils comme le Contrat d’engagement républicain pour menacer des associations de dissolution.

Pour ce faire, le même mode opératoire est mobilisé : des représentant-es du pouvoir laissent entendre que l’association visée a des “ambiguïtés avec l’islamisme radical”, qu’elle est complaisante face au terrorisme…pour les marginaliser, avant de pouvoir plus facilement les attaquer. Comme pour ses chiens de garde, le gouvernement, loin de se contenter d’utiliser le racisme ambiant, alimente ce dernier pour ensuite s’en servir comme outil de marginalisation et ainsi faciliter la répression. Après avoir commencé par appliquer cette stratégie abjecte sur des associations d’entraides communautaires, tels que le CCIF ou l’ONG BarakaCity sans grande réponse collective, le pouvoir tente maintenant de s’attaquer aux Soulèvements de la Terre et à la Ligue des Droits de l’Homme. Les tentatives échouées de dissolutions à l’encontre de Nantes Révoltée ou du GALE (collectif antifasciste lyonnais) nous ont montrées que lorsque notre camp social parvient à s’unir pour faire front commun, nous pouvons mettre à l’arrêt les forces réactionnaires.

Notre réponse doit donc être la solidarité et la convergence ! 

Tandis que la question des violences policières revient dans le débat public, il est essentiel de se souvenir que ces violences sont issues d’un lourd historique raciste et colonial dont il convient de ne jamais faire tomber dans l’oubli ses premières victimes. De notre solidarité dépend l’unité et la solidité du mouvement, face à un pouvoir de plus en plus autoritaire qui déroule le tapis rouge à l’extrême-droite. Alors que le gouvernement et son bras armé attaquent sur tous les fronts : retraites, lois racistes, opération colonialiste à Mayotte, répression des mobilisations écologistes, droit au logement, nous devons nous mobiliser massivement contre chacune de ces offensives

Share this post

About the author

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *