Depuis le début de l’année, le collectif des étudiant-es étrangers de Lyon, sans papiers et solidaires – se bat notamment pour faire inscrire les sans papiers qui le souhaitent à l’université et a ainsi pu faire inscrire une vingtaine de sans papiers remportant une première victoire contre les injonctions du préfet du Rhône Michel DelPuech, qui ordonne au Président de l’Université Lyon 2 – Jean Luc Mayaud – de cesser d’inscrire les sans-papiers (!) et contre la Présidence de Lyon 2 et le Président lui-même, qui acceptant cette collaboration avec la préfecture, relayait ces consignes pour justifier des refus d’inscription ! La détermination du collectif avait permis de les faire reculer et de remporter une première bataille.
Depuis le début de ce second semestre, le collectif se bat encore pour l’inscription immédiate de près d’une quinzaine de camarades demandeurs d’asile et sans papiers, pour nombre d’entre eux/elle arrivés récemment sur le territoire. Dans cette situation d’extrême précarité et d’incertitude administrative, pouvoir étudier dès aujourd’hui, c’est en effet déjà un peu moins d’isolement et de danger et l’espoir de commencer une nouvelle vie.
Après plusieurs semaines de tentatives de négociation ayant abouti à un refus, et alors que le temps compromet la bonne intégration dans les cursus des camarades, le Collectif a alors décidé de s’inviter directement le 11 février dans les locaux du Président pour demander à être reçu immédiatement. Après deux heures de discussions la Présidence reconnaîtra que la préfecture bloquait les inscriptions, et qu’en bonne entente, elle relayait ces injonctions et collaborait avec celle-ci. L’autre réponse de la Présidence aura été d’envoyer les forces de l’ordre sur le campus, contraignant la quinzaine de membres du collectif présent-es à quitter les lieux, alors que les CRS pénétraient les bâtiments. La Présidence de Lyon 2 assumait ainsi – en tout connaissance de cause -de faire courir les risques d’interpellation, de placement en Centre de Rétention, d’expulsion à nos camarades sans papiers présent-es !
En protestation dans l’après midi, une manifestation réunissant plus de 350 personnes exprimait sa solidarité avec les sans papiers et exigeait l’inscription immédiate de tous et toutes nos camarades sans papiers. La manifestation décida ensuite d’occuper un amphi où le Préfet de région et le Procureur de la République devaient tenir une conférence -finalement annulée- sur l’état d’urgence intitulée « sécurité et liberté : faut-il choisir ? ». Dans ce contexte d’état d’urgence et de répression quotidienne généralisée des travailleurs en lutte, des syndicalistes, des roms, des musulman-es ou supposé-es, des sans papiers ,c’est en effet aux Préfets et Procureurs que l’Université permet de donner la parole !
Une fois de plus, alors que les membres des services de renseignements se baladaient toute la journée sur le campus, la Présidence répondait par l’envoi en nombre des forces de l’ordre et ordonnait elle-même l’annulation des cours et l’évacuation des salles.
En représailles, dans la nuit du Jeudi 11 février, le local de Solidaires Étudiant-es Lyon (où se réunit le Collectif des étudiant-es étrangers, sans papiers et solidaires) est visité et la serrure changée (!), et le lundi 15 Février, le Vice Président Landon et le responsable de la sécurité se présentaient au local, accompagnés d’une huissier de justice prétendant l’occupation illégale du local.
Le mercredi 17 février, une délégation de 3 personnes du Collectif était reçue par les Vice Président Landon, Péguy et Baumstark, alors que le Président Mayaud – interlocuteur initialement annoncé – préférait quitter le matin-même le campus sous escorte policière.
Au même moment, sur décision de l’Assemblée Générale, plus de 200 personnes se rassemblaient et manifestaient dans l’université pour exiger l’inscription immédiate de tous et toutes nos camarades sans papiers.
Les Vice Président commenceront l’entrevue en réaffirmant la volonté de la Présidence de faire taire le mouvement (confirmation de plaintes déposées, répression ciblée).
Face à la revendication de l‘inscription immédiate pour tous et toutes, la Présidence proposa de :
– sélectionner pendant ces vacances nos camarades sur dossier, puis entretien pour… éventuellement les autoriser d’assister aux Cours Magistraux à la rentrée des vacances hivernales, puis obtenir une autorisation d’inscription pour la rentrée 2016/2017.
Selon ces critères, la plupart des dossiers des camarades sans papiers ne seraient en fait pas retenus, quand certains demandeurs d’asile (sélection selon la situation géopolitique du pays de provenance) ne pourraient réellement intégrer un cursus universitaire qu’à partir de Septembre.
En résumé, ils ne proposent strictement rien !
Le Collectif a ainsi réaffirmé qu’il se bat pour l’inscription immédiate et sans sélection de tous et toutes et rappelle que c’est bien l’urgence de la situation qui est réservée aux sans papiers ici, en France, qui justifie l’urgence de l’inscription.
Le Vice-Président rappellera que « la Préfecture surveille et sait très bien ce qui se passe ici », et que pour ne plus compromettre l’image et la crédibilité de Lyon 2 vis-à-vis de celle-ci, la Présidence appliquait les exigences de la Préfecture.
En échange de cette proposition parfaitement insatisfaisante à la revendication pourtant simple d’inscription immédiate pour tous et toutes, la Présidence veut que cesse toute forme de mobilisation et proposera même formellement la « conclusion d’un accord » en vertu duquel le Collectif devrait s’engager à arrêter immédiatement et sans condition le mouvement. (cesser manifestations et envahissements d’amphithéâtres).
La Présidence propose en fait d’écraser le mouvement et de renvoyer les camarades à l’invisibilité, à l’extrême précarité, à l’isolement et au danger que la situation de sans papiers – ou en devenir – leur est réservée !
Dans la poursuite de cette volonté de répression ciblée, Vincent, militant au sein de Solidaires Etudiant-es Lyon – Syndicat de Lutte – déjà condamné à 6 mois de prison avec sursis en 2013 à la suite des luttes étudiantes contre la loi Fioraso et les restrictions budgétaires – et membre du Collectif des étudiant-es étrangers de Lyon, sans papiers et solidaires est convoqué au commissariat le 4 Mars.
Le collectif décide d’amplifier le mouvement jusqu’à faire plier la Présidence et une ASSEMBLEE GENERALE de LUTTE est déjà appelée pour le LUNDI 29 FEVRIER !
Le Collectif et le mouvement étudiant et enseignant de solidarité préparent par ailleurs pour la rentrée l’extension du mouvement envers les lycées et autres universités et décident d’entamer la bataille pour la régularisation de tous et toutes !
Une attaque contre un seul d’entre nous est une attaque contre tous !
Ils voudraient nous diviser pour mieux régner, demandeurs d’asile, avec ou sans papiers, répondons par davantage d’unité, de détermination et de solidarité !
Halte à la collaboration des instances dirigeantes des universités avec les préfectures !
– Inscription immédiate pour tous et toutes !
– Régularisation de tous et toutes !
– Retrait immédiat de toutes les plaintes et renonciation aux poursuites !
La solidarité est notre arme !
Solidaires Etudiant-es – Syndicats de Lutte
Signez les pétitions :
-pour l’inscription immédiate de tous et toutes :
https://www.change.org/p/universit%C3%A9-lumi%C3%A8re-lyon-ii-inscription-imm%C3%A9diate-de-tous-nos-camarades-sans-papiers?recruiter=113450415&utm_source=share_for_starters&utm_medium=copyLink
– pour la régularisation de tous et toutes :
– pour le retrait des plaintes et la renonciation aux poursuites :