Terrorisme et fraude, même combat ?
Un récent projet de loi, dit relatif « à la prévention et à la lutte contre les atteintes graves à la sécurité publique, contre le terrorisme et contre la fraude dans les transports publics de voyageurs » devrait être voté courant mars. Ce projet de loi orchestre notamment une grande offensive contre les précaires des transports en commun, vendeurs.ses à la sauvette et fraudeurs.ses. Notons que nombre de précaires fraudeur/se-s sont étudiant-e-s.
Augmentation des pouvoirs des services de police et de sécurité, peines de prison pour les délits de fraude, communication d’informations entre administrations publiques et les entreprises de transports publics, ils visent à combattre d’un même geste les incivilités, le terrorisme et la fraude.
En plus d’associer de manière indigne terrorisme et fraude, cet arsenal de répression s’appuie sur un discours distinguant la fraude « comportementale » de la « fraude économique », cette dernière étant selon les auteurs, une « part négligeable » de la fraude.
La fraude économique, « négligeable » ?
Ces déclarations apparaissent d’autant plus scandaleuse quand la première mesure de Valérie Pécresse à la région Île-de-France, a été la suppression de l’aide au transport pour les bénéficiaires de l’aide médicale d’état, étranger.e.s en situation irrégulière et que Manuel Valls ne se dit « pas choqué » par la mesure. Ces député.e.s semblent terriblement éloigné.e.s de la réalité de la plupart des usager.e.s des transports et surtout de toutes les personnes qui sont quotidiennement dans l’obligation de prendre les transports en commun malgré leur impossibilité de payer un ticket. La gamme de tarifs sociaux dans les transports en commun n’empêche pas le transport d’être trop cher, alors qu’il est pourtant un besoin vital et une liberté fondamentale. Pour les auteur.e.s du texte, frauder ne peut être qu’un jeu, ils et elles ne vivent probablement pas dans la même galère économique que les milliers de personnes qui sautent des portillons, fuient les contrôleurs, et – comble du mauvais goût – leur donne de fausses identités quand elles se font avoir.
En plus de criminaliser les précaires en les associant à des « terroristes », une seconde lecture de la loi par l’assemblée en mars prévoit de criminaliser aussi la solidarité. En effet, on voit arriver la proposition d’une peine de prison ferme de 2 mois et 3750 euros d’amendes pour les usager-e-s du métro ou de la SNCF qui préviennent de la présence des contrôleur-ses: quand des précaires sont solidaires dans les transports, on les envoie en prison.
Une seule solution : la gratuité !
Le transport est un besoin vital, et pas un luxe ! Étudiant.e.s, nous ne pouvons nous priver des transports en commun pour nous rendre sur nos lieux d’études et de travail, comme des milliers d’autres travailleur.ses précaires qui traversent chaque jours les agglomérations. À Lille et à Besançon, les syndicats Solidaires étudiant-e-s ont déjà dénoncé la hausse des tarifs de transport, y compris pour les étudiant-e-s.
Tant que les transports seront trop chers, il y aura des fraudeurs.ses ! La seule solution à la fraude est la gratuité des transports en commun, comme c’est le cas à Dunkerque pour les week-ends depuis 2015, généralisé à tous les jours en 2018. Les transports en commun sont déjà largement subventionnés par de l’argent public, la gratuité permettrait par ailleurs de diminuer les coûts liés à la billetique et aux contrôles, voire de diminuer les incivilités en changeant profondément nos rapports à ce que pourrait être un véritable service public du transport.