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De Londres à Johannesburg, de Montréal à New Delhi, d'Istanbul à Santiago : Le mouvement étudiant international ne s'arrête jamais ! 

De Londres à Johannesburg, de Montréal à New Delhi,  d'Istanbul à Santiago : Le mouvement étudiant international ne s'arrête jamais ! 

Communiqué du Secteur étudiant du Réseau européen des syndicats alternatifs et de base (RESAB)

Union Syndicale Étudiante (Belgique) – Solidaires Étudiant.e.s (France) –
SUD Étudiant.e.s et Précaires (Suisse)

En Afrique du Sud, depuis le mois d’octobre, les étudiant.e.s se sont révolté.e.s contre la hausse des frais d’inscriptions de 6 à 10% pour l’année 2016, et la ségrégation raciale héritée de l’apartheid. Dès l’annonce par le gouvernement, les étudiant.e.s ont bloqué leurs universités et sont descendu.e.s massivement dans la rue, jusqu’à investir le siège de l’ANC (parti au pouvoir) et le Parlement, obligeant les autorités à reculer en instaurant un gel des frais d’inscriptions. Le mouvement #FeesMustFall, qui représente l’une des plus grandes mobilisations étudiantes depuis la chute de l’apartheid, a appelé à une grève massive pour la gratuité d’accès à l’enseignement supérieur, afin qu’il soit universel ! Dans un bel exemple de convergence des luttes entre les salarié.e.s des universités et les travailleur.euse.s en formation que sont les étudiant.e.s, leurs revendications visent aussi à mettre fin à la sous-traitance et aux mauvaises conditions de travail dans les universités, pour l’égalité des droits et contre les discriminations racistes. Le mouvement est toujours en cours et fait face à une répression policière très violente envers les manifestant.e.s, avec bombes à gaz lacrymogène et grenades assourdissantes. De nombreux.euses étudiant.e.s ont été arrêté.e.s pour « haute trahison ».

À Londres, une grande manifestation a été organisée le 4 novembre par le mouvement National Campaign Against Fees and Cuts (NCAFC), pour réclamer la gratuité des études en Angleterre et un recul du gouvernement conservateur de David Cameron sur son projet de transformer les bourses universitaires en prêts, et cela dès 2016. Alors que le plafond des frais d’inscription a augmenté de 3000 à 9000 livres par an dès l’arrivée au pouvoir de Cameron en 2010, cette mesure va davantage intensifier l’endettement des étudiant.e.s. La manifestation s’est rendue devant le Department for Business, Innovation and Skills (BIS), afin de dénoncer les premiers responsables de la marchandisation de l’enseignement supérieur. La répression policière ne s’est pas fait attendre, et plusieur.e.s étudiant.e.s ont été arrêté.e.s. Le mouvement étudiant pourrait se radicaliser et se diriger vers une grève : un vote sera bientôt soumis aux différents syndicats affiliés à la National Union of Students (NUS).

Au Québec, l’Association pour une solidarité syndicale étudiante (ASSÉ) a appelé à une grève sociale à l’occasion des trois jours de grève générale du Front commun syndical en début décembre, contre la politique d’austérité du gouvernement libéral de Philippe Couillard. Un large mouvement social se lance à nouveau au Québec, où les plans d’austérité visent non seulement à démanteler les services publics, mais aussi à menacer les acquis du mouvement étudiant de 2012.

En Inde, un large mouvement a également fait reculer le gouvernement, et la commission pour l’enseignement supérieur (UGC) qui voulait interdire la National Eligibility Test (NET), une association d’entraide sociale et financière pour les doctorant.e.s n’ayant pas réussi le test académique national pour aspirer au statut d’assistant.e-chercheur.euse. Le mouvement ayant commencé à New Delhi, s’est propagé dans plusieurs autres villes du pays, n’hésitant pas à revendiquer l’augmentation des bourses pour permettre au plus grand nombre d’étudiant.e.s d’accéder au champ de la recherche.

Le Chili a aussi connu récemment le plus large mouvement de contestation étudiante depuis la fin du régime de Pinochet. Durant les mois de juin à août 2015, plusieurs centaines de milliers d’étudiant.e.s et de professeur.e.s sont descendu.e.s dans la rue pour revendiquer la gratuité de l’accès aux études et la fin d’un système d’enseignement privatisé hérité de la dictature. À l’heure actuelle, il n’existe aucun programme de bourses ou d’aides sociales pour les étudiant.e.s modestes, qui se retrouvent à devoir s’endetter sur au moins 15 ans pour poursuivre leurs études. Le mouvement étudiant chilien, qui avait déjà connu des mobilisations de cette ampleur en 2006 et en 2011 a dû néanmoins faire face à une répression policière féroce par le gouvernement dit « progressiste » de Michelle Bachelet.

En France, les étudiant.e.s pourront aussi fêter au printemps 2016 les 10 ans de la lutte contre la LEC (Loi sur l’Egalité des Chances) et l’une de ses mesures phares, le CPE (Contrat première embauche). Ce contrat, réservé aux salarié.e.s de moins de 26 ans, permettait aux patrons de les licencier sans aucun motif. Durant plusieurs mois, la grande majorité des universités étaient en grève et bloquées, tandis que des millions d’étudiant.e.s et de travailleur.ses sont descendu.e.s dans la rue. Ce mouvement, qui est parvenu à faire converger les luttes étudiantes et interprofessionnelles, a été l’un des plus grands mouvements sociaux de ces dernières décennies en France et a permis le retrait du CPE. Sa portée fut même internationale et il inspira notamment la création du syndicat étudiant Genç Sen en Turquie.

La gratuité d’accès à l’enseignement supérieur est une lutte internationale qui traverse de nombreux pays, contre les ambitions toujours plus fortes du patronat et des gouvernements d’avancer vers la marchandisation de l’enseignement supérieur et de la recherche. À cela, les mouvements étudiants répliquent par des mobilisations sociales et populaires contre les coupes budgétaires, la hausse des frais d’inscriptions, la suppression des filières « non-rentables », et revendiquent un accès gratuit et universel à l’enseignement supérieur pour tou.te.s.

Notre réseau exprime son soutien le plus total à tous ces mouvements étudiants pour la gratuité d’accès à l’enseignement supérieur. La solidarité internationale est pour nous un moyen d’encourager nos luttes respectives : nous ne sommes pas isolé.e.s, chaque victoire en est une pour l’ensemble du mouvement étudiant international !

Non à l’augmentation des frais d’inscriptions ! Égalité des droits !

Liberté pour les étudiant.e.s arrêté.e.s !

Pour un accès gratuit à l’université pour tou.te.s !

Union Syndicale Étudiante (Belgique) : info@unionsyndicaleetudiante.be
Sud Étudiant-e-s et Précaires (Suisse) : info@sud-ep.ch
Solidaires Étudiant-e-s (France) : contact@solidaires-etudiant-e-s.org

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