Trois ans après le « printemps érable » et la grève historique de 2012 contre la hausse des frais d’inscription, les étudiant-e-s québécois-e-s sont de nouveau entré-e-s massivement en grève pour s’opposer aux politiques d’austérité du gouvernement.
Après plusieurs mois de préparation d’un nouveau printemps social de luttes, marqués par une intensification des actions (rassemblements, occupations de ministères…) contre les coupes budgétaires, l’Association pour une Solidarité Syndicale étudiante (ASSé) a appelé à un mouvement de grève reconductible à partir du 21 mars. S’opposant aux mesures d’austérité et au désengagement de l’Etat dans les services publics, les revendications des grévistes s’accompagnent également d’un volet écologique contre les hydrocarbures.
Ainsi depuis le 21 mars, des dizaines de milliers étudiant-e-s, porté-e-s par les mandats votés dans les assemblées générales, participent à la grève reconductible. Celle-ci s’est accompagnée ces deux dernières semaines de manifestations quasi quotidiennes dans les principales villes du Québec.
Mais dès les premiers jours du mouvement, les étudiant-e-s grévistes ont dû faire face à une brutale répression, en vertu du « Règlement P6 ». Adopté en mai 2012 au plus fort de la grève étudiante, ce dernier déclare illégale toute manifestation dont l’itinéraire n’aurait pas été au préalable déclaré à la police. Dès lors, les forces de l’ordre ont multiplié les violences policières en toute impunité : arrestations par centaines, coups de matraques, gaz lacrymogènes, morsures de chiens policiers… Le 26 mars, au cours d’un rassemblement pacifique devant le Parlement à Québec, Naomie, une étudiante de 18 ans, a été grièvement blessée au visage par un projectile de gaz lacrymogène tiré à bout portant par un policier. La répression est également institutionnelle, puisque l’Université du Québec à Montréal (UQAM) mène actuellement une procédure d’exclusion contre 9 étudiant-e-s qui ont participé à des grèves et des manifestations au cours des deux dernières années.
Malgré la répression et les violences policières, la grève s’est amplifiée jusqu’au jeudi 2 avril, journée nationale de mobilisation appelée par l’ASSé. Le mouvement comptabilisa alors 135 000 grévistes, soit un tiers de la population étudiante. La manifestation nationale, dont le parcours ne fut pas déclaré à la police, rassembla près de 75 000 manifestant-e-s dans les rues de Montréal, où convergèrent étudiant-e-s et d’autres secteurs professionnels en lutte.
Depuis, plusieurs assemblées générales étudiantes ont d’ores et déjà décidé de la reconduction de la grève, tandis que l’ASSé appelle à la poursuite du mouvement. Malgré l’intensification de la répression (la police est intervenue violemment dans la nuit du 8 au 9 avril pour expulser les étudiant-e-s qui occupaient un bâtiment de l’UQAM), de nouvelles journées de mobilisations sont programmées dans les prochaines semaines, et plusieurs collectifs et syndicats préparent une grève générale pour la fête des travailleur-euse-s le 1er mai (qui n’est pas férié au Québec).
Solidaires Etudiant-e-s, Syndicats de Luttes soutient la mobilisation des étudiant-e-s au Québec et apporte toute sa solidarité aux manifestant-e-s arrêté-e-s, aux étudiant-e-s menacé-e-s d’exclusion, ainsi qu’à toutes les victimes des violences policières.