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Santé étudiante : un "plan d’action" ministériel insuffisant et au service du secteur privé !

Santé étudiante : un "plan d’action" ministériel insuffisant et au service du secteur privé !

Le 7 décembre dernier, la ministre de l’Enseignement Supérieur Geneviève Fioraso a présenté un plan d’action sur la « santé étudiante ». En parallèle, l’Observatoire de la Vie Étudiante rappelait que plus d’un-e étudiant-e sur 4 renonce à des soins de santé faute de moyens.
Face à ce constat, le gouvernement a enfin décidé de réagir. Ce « plan d’action » révèle une prise de conscience ministérielle sur un sujet qui anime le débat public depuis plus d’un an. Mais les mesures proposées semblent au mieux insuffisantes et au pire contre-productives.
D’une part, la transformation des services universitaires de médecine préventive, de prévention et de santé en « Campus Santé » est une bonne mesure. Mais elle doit s’accompagner de moyens conséquents afin d’augmenter les effectifs et les antennes sur le territoire, ainsi que garantir un accès universel de tous les étudiant-e-s (et pas seulement ceux inscrit-e-s à l’université) à ces services de soins quasi-gratuits (les étudiant-e-s bénéficient du tiers-payant).
De même, l’accès à la Couverture Maladie Universelle Complémentaire pour les « boursiers » en situation de rupture familiale est une mesure positive. Néanmoins on pourrait imaginer l’extension de cette mesure à l’ensemble des « boursier-e-s CROUS ».
Mais ce plan d’action oublie pourtant l’essentiel du large constat sur la santé étudiante. Le régime étudiant de Sécurité sociale est aujourd’hui caduque : il garantit un accès aux soins et une qualité de service inférieurs au régime général. L’UFC-Que Choisir, la Cour des Comptes ainsi que de nombreux parlementaires ont multiplié les rapports et les prises de position sur ce régime étudiant géré par des « mutuelles étudiantes »privées.
Le gouvernement songe simplement à fusionner les « mutuelles étudiantes » privées pour gérer la « sécurité sociale ». Une solution qui a le mérite de ne pas froisser les amies du gouvernement socialiste : la LMDE, mutuelle étudiante nationale et l’UNEF, première organisation étudiante, liée financièrement à la LMDE comme l’avait révélé Le Monde en février 2013. Cet arrangement entre ami-e-s oublie que, même unique, une « mutuelle » privée ne sera jamais un service public ! Rappelons que la LMDE, qui se réclame de l’économie sociale et solidaire et différente d’une entreprise mutualiste traditionnelle, n’hésite pas à licencier des salariés, à leur demander de faire bénévolement des heures supplémentaires ou à rémunérer gracieusement ses administrateurs étudiants.
Une nouvelle preuve de cette complicité est la généralisation de l’ACS pour tous les boursiers CROUS. L’Aide Complémentaire Santé est une sorte de chèque remis par l’État ici aux étudiants boursiers pour payer, en partie, … une complémentaire privée alors qu’on pourrait élargir à tous les boursiers la CMU-Complémentaire, gratuite et plus efficace.
L’intégration des étudiant-e-s au régime général de la sécurité sociale, avec intégration des personnels du RESS et de représentants étudiants, permettrait d’améliorer nos conditions d’accès aux soins mais aussi de faire 69 à 90 millions d’euros d’économies qui pourraient être réinvestis dans un plan d’action plus conséquent.
L’intégration au régime général de la sécurité sociale est nécessaire !
La santé des étudiants est un droit et non une marchandise !

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