Il y a quelques jours, le Sénat a remis dans son agenda l’interdiction pour les femmes portant le voile d’accompagner des enfants lors de de sorties scolaires. Aujourd’hui, les “Sages” ont adopté un nouvel amendement puant relatif au projet de loi “contre les séparatismes”.
Sous le nom explicite d’“amendement UNEF”, il prévoit que l’organisation de réunions en non-mixité racisée devienne un argument politique pour requérir la dissolution administrative à l’encontre des associations et “groupements de fait”. Outre le fait que ce choix d’intitulé explicite semble inscrire dans la loi la haine des syndicats étudiants, son contenu vise une pratique de lutte spécifique et laisse encore une fois entendre que les antiracistes sont les vrai∙e∙s racistes.
Nous réaffirmons notre soutien total à l’UNEF qui subit depuis des semaines les attaques racistes et réactionnaires des responsables politiques et du gouvernement. Nous sommes révolté·e·s et très sincèrement effrayé·e·s par le virage fasciste que prend la sphère politique française.
Mais replaçons un instant le contexte. Le projet de loi “confortant les principes de la République” a été présenté en conseil des ministres le 9 décembre par Gérald Darmanin avec pour objectif de lutter contre “ceux qui déstabilisent la République”. Adopté en première lecture à l’Assemblée Nationale le 16 février, ce projet de loi est examiné par le Sénat depuis le 30 mars… où la droite traditionnelle et réactionnaire est majoritaire et s’en donne de toute évidence à coeur joie. L’”amendement UNEF”, déposé par Les Républicains, a été adopté à une large majorité des voix, notamment par des parlementaires de “gauche”.
Le gouvernement et les partis de droite ne taisent plus l’hypocrisie de leurs positions. Dans un espace politique saturé d’hommes et de femmes blanc·he·s et bourgeois·e·s, les réunions en non-mixité racisées sont pointées du doigt. Ces mêmes politicien·ne·s encouragent l’organisation de rassemblements réservés aux femmes élues d’une main, tout en désignant comme « antirépublicaines » les réunions en non-mixité racisée de l’autre. Le gouvernement et leurs allié·e·s de droite criminalisent les personnes subissant quotidiennement le racisme systémique et leur retirent le droit de s’organiser, discuter de leurs discriminations et oppressions propres et donc lutter contre.
Les militant·e·s antiracistes ont mis en place des outils pour lutter : la non-mixité politique en est un ! Cet outil n’est pas nouveau, contrairement aux dires des réac’, y compris dans le contexte français. Le fait d’attaquer et de réprimer les personnes victimes de racisme lorsqu’elles s’organisent entre elles pour lutter, est raciste. La liberté d’association, une de nos libertés fondamentales, se retrouve alors entravée. A écouter le contenu de ces attaques réactionnaires, il serait alors interdit de se réunir sur la base du partage d’une oppression commune ?
Nous continuerons de lutter pour défendre notre liberté de nous réunir !
Le gouvernement multiplie ses attaques réactionnaires avec l’aval des parlementaires de droite comme d’extrême-droite, creusant ainsi davantage le terreau du fascisme :
– Blanquer porte plainte contre le syndicat Sud Education 93 pour discrimination, plainte sur laquelle s’appuie Les Républicains pour proposer un amendement (non adopté) permettant la dissolution du syndicat.
– Vidal reprend la rhétorique d’extrême-droite sur l’“islamo-gauchisme” des universités et attaque les organisations syndicales et politiques ainsi que le secteur de la recherche sur les sujets qui dérangent… en l’occurrence, les discriminations systémiques, notamment le racisme.
Contre la rhétorique et les idées d’extrême-droite, au gouvernement comme au Parlement, nous ne cesserons de lutter syndicalement !
2 Réunion de femmes élues à l’initiative de V. Pécresse https://twitter.com/rezeg_hamida/status/1373348559018467332?s=19
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