Moustapha Meziani, militant de l’Union Nationale des Etudiant-e-s
Marocain-ne-s (UNEM), est mort, le 13 août 2014, suite à une grève de la
faim longue de 72 jours.
Incarcéré à la prison de Aîn Kadous à Fès, Moustapha, 31 ans, avait été arrêté par la Police et expulsé de la faculté de Fès, au même titre que 11 autres de ses camarades de l’UNEM, il y a deux mois.
Cette arrestation faisait suite à de violents affrontements qui avaient opposé les étudiant-e-s de l’UNEM à des salafistes faisant un mort parmi ces derniers. Ces affrontements tragiques n’étaient pas le fruit du hasard : le gouvernement islamiste du premier ministre Benkiran, membre du Parti de la Justice et de la Démocratie (PJD), les avait savamment orchestrés en facilitant l’entrée sur le campus de la Faculté de Fès de nervis salafistes, afin de contrer la contestation estudiantine. L’Université de Fès comme d’autres d’ailleurs au Maroc, était alors en proie à de fortes perturbations, avec piquets de grève et manifestations, initiées par l’UNEM.
Arrêté et torturé, Moustapha entreprend aussitôt une grève de la faim afin d’exiger la fin de sa détention et sa réintégration à l’université. Le 11 juillet, le tribunal de Fès confirme son emprisonnement alors que son état de santé est déjà critique (vomissements, évanouissements).
L’AMDH (Association marocaine des Droits de l’Homme) adresse alors une lettre ouverte au Chef de gouvernement demandant notamment que les autorités entament un dialogue avec l’étudiant pour « préserver son droit sacré à la vie » et qu’il soit réinscrit à l’université. En vain.
Quelques jours avant sa mort, son état de santé s’était dégradé au point qu’il avait été transféré en urgence à l’Hôpital militaire de Fès. Les soins qu’il y a reçu ont été « volontairement insuffisants » dénoncent les Comités de soutien. Ces derniers jours, des membres sa famille avait menacé d’entamer une grève de la faim et avaient été incarcérés de sorte de les en empêcher.
Une famille meurtrie, qui s’est vue imposée, en outre, d’enterrer dans un lieu tenu secret le corps du défunt…
L’Union syndicale Solidaires accompagne dans son deuil la famille de Moustapha.
Nous dénonçons les conditions de détention et le jusqu’au-boutisme du gouvernement Benkirane, soutenu dans sa politique de répression par le régime de Mohamed VI, qui ont conduit à la mort du militant de l’UNEM.
Nous rappelons, enfin, notre soutien indéfectible et résolu pour ceux et celles qui luttent pour un Maroc marqué du sceau de la liberté et de la justice.
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