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Annulation des élections et gros bazar à l’UPPA : notre analyse

Annulation des élections et gros bazar à l’UPPA : notre analyse

« Le président de l’Université […] a porté atteinte à l’égalité entre les listes candidates »

Ainsi sont formulées le 13 décembre 2024 les conclusions de la Commission de contrôle des opérations électorales (CCOE) concernant l’attitude du président de l’UPPA. Suite à la demande d’annulation des élections formulée par la liste intersyndicale Université Humaniste et Solidaire (UHS), il a été reconnu que le président Bordes a nuit à la sincérité des élections à l’UPPA tenues en novembre s’exprimant via son adresse mail à l’ensemble des membres du personnel au nom de la liste “UPPA 2028”. Liste qui ne s’est jamais exprimée en son propre nom ni n’a organisé de réunion.

L’enjeu ici est clair : Laurent Bordes a abusé de sa position de président d’université pour communiquer à la place de la liste UPPA 2028 dont il n’est pas membre, mais qui a pour projet d’assurer sa réélection en tant que président.

Annulation et conséquences

Suite à la demande formulée par la liste UHS, le CCOE a pris la décision d’annuler les élections au sein du collège électoral B, composé de membres du personnel de l’UPPA et où la liste soutien de Laurent Bordes avait obtenu la majorité à deux voix près seulement. S’il disposait de suffisamment de soutiens pour assurer sa réélection en tant que président de l’UPPA, la remise en question du nombre d’élus en sa faveur ouvre désormais la possibilité que celle-ci n’ait pas lieu. Le président s’est donc précipité pour effectuer un recours au tribunal administratif et demander l’annulation de la décision.

Cette démarche n’est pas sans conséquences, car la saisine du tribunal administratif impose un délai de deux mois avant d’obtenir une décision, suite à laquelle il faudra potentiellement procéder à de nouvelles élections des membres du Conseil d’Administration, puis du futur·e président·e.

Le président étant démis de ses fonctions au 1er janvier 2025, l’université se retrouve ainsi sans administration tutélaire pendant plusieurs mois, placée sous la direction d’un administrateur temporaire désigné par le rectorat. Si cette solution temporaire permettra d’assurer le fonctionnement minimal de l’université, de nombreuses fonctions de l’université risquent de ne plus être assurées, par exemple l’attribution des aides financières individuelles aux étudiant·es.

En effectuant un recours auprès du tribunal administratif, Laurent Bordes fait le choix de mettre en péril des fonctions essentielles de l’université pour son propre intérêt.

Ingérence au sein des élections étudiantes

Si les faits sont déjà graves, il ne s’agit pas cependant des seuls faits majeurs à reprocher au désormais ancien président de l’UPPA. En effet, lors d’un rendez-vous le 3 octobre dernier pour parler des frais d’inscription différenciés à l’UPPA, celui-ci nous avoue avoir œuvré afin que des étudiant·es se présentent aux élections afin de faire barrage aux autres listes, jugées “trop politiques”. Il nous assure toutefois qu’il ne s’agira pas d’une “liste Laurent Bordes”. Cette liste prendra bien forme, sous le nom de “Notre liste étudiante”, au programme pratiquement vide dont la façade “apolitique” peine à cacher les manigances du président pour assurer sa réélection.

Bien que l’ingérence du président au sein des élections étudiantes est un phénomène suffisamment alarmant, les torts s’accumulent et s’aggravent : nous avons été informés que le président Bordes a demandé à des employé·es de l’UPPA de solliciter des étudiant·es pour monter ladite liste afin de concurrencer les autres listes et ultimement soutenir sa réélection. La cible prioritaire de la campagne de recrutement du président : les étudiant·es salarié·es de l’UPPA, services civiques et autres profils parmi les plus vulnérables à la pression institutionnelle.

Une fois encore, Laurent Bordes use et abuse de sa position de président d’université afin de servir ses intérêts personnels, et s’abaissera à toute indignité avant d’accepter la possibilité d’entrevoir sa défaite aux élections, face à l’effort militant et syndical de ses opposant·es, membres du personnel et étudiant·es.

Apolitique, mais quand même d’extrême-droite

Ainsi la liste “Notre liste étudiante” si elle se réclame être apolitique est composée d’individus très intéressés par la politique : la tête de liste pour le collège électoral étudiant en Droit Eco-Gestion est un ancien membre et élu étudiant de l’UNI, organisation étudiante d’extrême droite.

Rien de nouveau au fait que l’extrême droite essaie d’avoir des élus, mais que la présidence pousse à la création d’une liste étudiante pour concurrencer les listes de gauche en recyclant les déchets de l’UNI est inédit et choquant.

Cette alliance s’inscrit dans une continuité nationale plus qu’inquiétante, on rappellera la présence du précédent ministre de l’Enseignement supérieur et de la recherche, Patrick Hetzel, à la dernière convergence nationale de l’UNI en octobre dernier. Les figures de l’ESR affirment avec de moins en moins de gêne leur tolérance voire proximité avec l’extrême-droite, alors que celle-ci gagne en influence politique et médiatique.

Nous attendons au minimum d’un président d’université des positions fermes contre l’extrême-droite et toutes ses manifestations, afin que l’université puisse continuer de remplir ses missions de service publique, être ouverte à toutes et tous et permettre l’émancipation de l’ensemble des étudiant·es.

Conclusion

Laurent Bordes est prêt à tout pour ne pas être démis de ses fonctions : abus de ses pouvoirs de président pendant l’élection, ingérence dans les listes étudiantes et compromission avec l’extrême droite. Cet acharnement à s’accrocher à son poste trahit en réalité sa faiblesse : arrivé au bout d’un mandat qui accumule les échecs (mise en place des frais d’inscription différenciés, partenariat avec des entreprises écocidaires, filières en manque lourd de moyens, …), Laurent Bordes n’a fait que gagner en impopularité.

La faute à une gestion autocratique et violente de l’université, la faute à une politique antisociale appliquée avec zèle par le président de l’UPPA, proactif dans la libéralisation et la marchandisation de l’enseignement et de la recherche.

Le seul camp qui a à cœur les intérêts des étudiant·es et de manière plus générale ceux de la communauté universitaire, le seul camp à les défendre durant les élections et en dehors, c’est le nôtre, celui de l’émancipation et de la solidarité.

Contre la gestion libérale et antidémocratique de l’université, contre l’extrême droite et ceux qui lui pavent la voie, construisons le contre-pouvoir, organisons nous toute l’année !

Syndiquons-nous et luttons !

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