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La feuille de déroute du ministre de l’ESR, Patrick Hetzel

La feuille de déroute du ministre de l’ESR, Patrick Hetzel

Précarité, répression, libéralisation

Mardi 19 novembre, le ministre de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche, Patrick Hetzel, a présenté sa feuille de route pour les prochaines années. Sans surprise, elle s’inscrit dans la continuité des politiques de libéralisation de l’ESR et de la casse qu’elle accompagne, loin des préoccupations des étudiant-es. De plus, Patrick Hetzel continue sa surenchère réactionnaire, témoin de sa volonté de réprimer toute contestation étudiante.

Une dégradation de nos conditions de vie et d’étude

Le ministre a annoncé une réforme des bourses prévue à la concertation en 2025. Elle prévoit la mise en place d’une éligibilité en lien avec « les ressources et la composition du foyer ». Cette mesure floue et qui cache le fait qu’aucune augmentation ni élargissement des bourses ne sont prévus ne répond pas à l’urgence de la précarité étudiante qui ne cesse de s’aggraver ! Pour rappel, au moins 20% des étudiant-es vivent sous le seuil de pauvreté ! Nous revendiquons ainsi une augmentation des bourses, actuellement en dessous du seuil de pauvreté, qu’elles soient indépendantes du revenu des parents et ouverte à tous les étudiant-es qui en ont besoin. Et à terme, nous revendiquons un salaire étudiant-es pour toutes et tous !

Le ministre n’annonce pas non plus un plan massif pour la construction de logements CROUS, il souhaite  « pérenniser » le rythme de construction actuelle, c’est à-dire-construire seulement 7 500 logements supplémentaires par an. Cela représente actuellement une augmentation de 4,3% pour l’année prochaine, ce qui bien trop loin de ce qui est nécessaire pour lutter contre la précarité. Nous revendiquons un plan de construction pour loger d’ici 3 ans au moins 10% des étudiant-es et continuer par la suite de construire massivement des logements étudiants.

La feuille de route mentionne également un « accès à une restauration à tarif modéré sur tout le territoire. » Cette mesure ne dit absolument rien de concret, le seul tarif acceptable c’est le repas à 1 € ou moins, pour tous-tes maintenant et sur tout le territoire ! Pour les étudiant-es loin des lieux de restauration, le ministre indique mettre en place une aide sur une carte prépayé de 40e pour les étudiant-es boursier-ères, 20 pour celleux qui ne sont pas et 10 euros supplémentaires pour les étudiant-es dans les territoires ultra-marins. Au lieu d’investir dans la construction de cafétérias et de restaurants universitaires, le gouvernement met en place une mesurette qui ne permet absolument pas de nourrir convenablement les étudiant-es dans des IUT, BTS, écoles du travail social ou autres lieux d’études éloignés des grands campus. Cette aide de 20 à 50 euros pourra être dépensé dans des commerces d’alimentation c’est-à-dire dans des endroits qui auront des coûts bien plus élevés que dans les lieux de restauration universitaires. Il est à noter que cette mesure est calquée sur le modèle des titres restaurants. Encore une fois Hetzel souhaite que les Universités soient gérées comme des entreprises privées, nous éloignant toujours plus des objectifs initiaux du service public.

Au lieu de toujours copier le privé, nous revendiquons un investissement massif dès maintenant dans la restauration universitaire pour ouvrir plus de lieux de restauration, des repas moins chers ainsi que des meilleures conditions de travail pour les personnels. De plus, cette mesure, c’est aussi une des seules revendications de l’UNI dans leur programme aux élections CROUS 2024. Notre ministre continue de flirter avec l’extrême-droite et montre encore une fois quel camp il a choisi en écoutant l’UNI, organisation réactionnaire proche de groupes fascistes voire néonazis, comme le GUD. Ces organisations, et notre ministre, ne souhaitent en aucune façon une amélioration de nos conditions de vie et d’études.

Un gouvernement toujours plus répressif 

Le ministre prévoit la mise en place d’une « boite à outils » pour les chefs d’établissement pour garantir « la sérénité et la sécurité les campus ». Dans un contexte de fortes mobilisations étudiant-es contre le génocide commis par Israël en Palestine, cette mesure vise à renforcer la répression et le contrôle déjà trop important que subissent les étudiant-es !Il n’y aura pas de calme sur les campus tant que le génocide en Palestine, la casse des services publiques et les politiques réactionnaires continuerons ! Les universités ne peuvent pas soutenir un génocide, il faut ainsi cesser les partenariats avec les universités et la recherche israéliennes. Les universités israéliennes participent activement au génocide sur le peuple palestinien en soutenant l’armée et le développement de technologies militaires. 

Par cette mesure, Patrick Hetzel souhaite « protéger les étudiants des dérives antisémites et racistes ». Nous ne pouvons que partager cette préoccupation, cependant le ministre instrumentalise ces luttes afin de justifier de la répression, notamment contre le mouvement pro-palestiniens. Le ministre ferait mieux de se préoccuper des groupes d’extrême-droite qui agressent les étudiant-es au lieu de se rendre au congrès de l’UNI, pseudo-syndicat d’extrême droite, raciste, violent et antisémite !

Vous reprendrez bien du rab de la loi LRU ?

Patrick Hetzel étant un des instigateur de la loi LRU (Loi relative aux libertés et Responsabilités des Universités) qui a énormément fragilisé les université. À cause de cette loi, 60 des 75 universités française risquent d’être en déficit en 2024, soit 80% d’entre elles selon le SNESUP-FSU. Malgré ce bilan désastreux, le ministre a le culot de considérer le bilan de cette loi comme « largement positif », nous faisant craindre le pire. 

Le ministre souhaite « responsabiliser » encore plus les universités. Concrètement cela s’inscrit dans la lignée de « l’Acte II de l’autonomie de université » annoncé par l’ancienne ministre de l’ESR Sylvie Retailleau. Ce projet s’inscrit clairement dans une libéralisation de l’enseignement supérieur qui dégrade nos conditions d’étude et de vie. Les différentes annonces ont clairement pour objectif de rapprocher le fonctionnement de l’université de celui d’une entreprise, de favoriser le privé et de faire en sorte que l’université suivent les logiques de marché et de compétitivité, de continuer à autoriser l’ingérence des entreprises dans le fonctionnement des universités. Les conséquences sont concrètes. 550 millions en moins sur le budget de l’ESR. La situation est dramatique dans les universités, à tel point que même France Université lance une communication inédite contre cette austérité budgétaire. Cependant ne nous trompons pas, si France Université est vent debout contre l’austérité budgétaire, les président-es d’universités ne s’opposent peu voir pas du tout à la sélection et à la libéralisation. Face à la baisse des moyens les universités, réclamée aussi par les gouvernements successifs, les universités s’ouvrent aux financements extérieurs du privé, aux appels à projet renforçant leur mainmise sur nos universités. Ainsi s’accentue la concurrence entre universités et la dégradation de nos conditions de vie et d’étude.

Pour la recherche, cette politique se traduit aussi par le « Pacte pour la recherche ».

Le ministre avec son « pacte pour la recherche » ne propose en aucun cas l’augmentation des moyens pour une recherche publique et ouverte, alors que la France alloue déjà moins de moyens que les autres pays en moyenne. À la place, il annonce un renforcement de la présence du privé dans la recherche, mettant ainsi en péril la recherche publique tout en prenant le risque que le privé deviennent prioritaire : comme le privé pourra ainsi attribuer plus ou moins d’argent à la recherche selon sa bonne volonté, laissant nos chercheur-euses à la merci des entreprises. 

Dans la lignée de sa volonté de transformer le modèle des universités pour le rapprocher le plus possible de celui d’une entreprise, sa feuille de route confirme sa volonté de rendre l’enseignement supérieur encore plus professionnalisant, l’éloignant toujours plus de l’objectif d’émancipation qu’il devrait avoir. Le but est encore une fois clair, c’est de donner au capital plus de main d’œuvre, très souvent précaire, rapidement et qui sera formée uniquement dans un domaine, limitant les possibilités d’évolution et de changement d’emploi. Aujourd’hui et hier, les gouvernements successifs s’acharnent à transformer petit à petit l’université en un lieu de formation au service du patronat. 

Plus d’université pour les précaires

En plus de la baisse des moyens alloués aux universités, le ministre n’exclut pas l’idée que les frais d’inscriptions soit géré au cas par cas par les universités, permettant ainsi leur augmentation. Face au manque et à la baisse des moyens, les universités auront peu de choix sinon de les augmenter. Aujourd’hui, l’université Paul Valery à Montpellier prépare déjà le terrain en alertant que si rien n’est fait, il faudra multiplier par 10 les frais d’inscription pour tous-tes les étudiant-es. Une augmentation des frais d’inscriptions serait une atteinte grave à l’accessibilité de l’enseignement supérieur, cette décision touchera tous-tes les étudiant-es et particulièrement les précaires,renforçant de manière dramatique l’aspect sélectif et élitiste de l’ESR. On connait le modèle des ministres qui se succèdent : leur projet, c’est l’université à l’américaine . On risque de rentrer dans une course au frais d’inscription avec le secteur privé qui souhaite paraître plus élitiste avec des frais plus élevés que le public. À la fin, tous-tes les étudiant-es souffriront de cette situation qui rendra strictement impossible aux étudiant-es défavorisé-es de rentrer à l’université sans s’endetter. Les seul-es gagnant de ce projet seront les entreprises et la bourgeoisie en général. Cette attaque majeure contre l’ESR ne doit pas rester sans réponse.

Notre réponse

Pour répondre à la précarité et aux enjeux de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche, il n’y a pas trois mille solution. Selon nous, il est nécessaire d’obtenir :

– L’augmentation des bourses et à terme le salaire étudiant
– Le gel puis la baisse des loyers
– La construction de 125 000 logement CROUS en 3 ans
– Le repas à 1€ pour tous-tes
– L’investissement massif dans les universités, les CROUS et la recherche
– La création de places en Licence, en Master et la fin de la sélection
– La suppression de Parcoursup et MonMaster
– L’abolition des frais d’inscription
– Le retrait de la loi Bienvenue en France
– Le retrait de la loi LRU
– L’abandon de l’Acte II de l’autonomie des Universités 
– L’arrêt des partenariats avec les universités et la recherche israéliennes
– L’abandon des procédures disciplinaires des étudiant-es mobilisé-es contre le génocide en Palestine

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