Grève générale féministe ?
Le 8 mars est la journée internationale de la lutte pour les droits des femmes et une journée d’appel à la grève féministe. Cette grève est générale, c’est-à-dire :
- Grève du travail rémunéré
- Grève du travail non-rémunéré (par exemple : les tâches domestiques)
Pourquoi se mobiliser et mettre à l’arrêt nos facs et écoles en cette journée ?
La grève féministe concerne aussi les étudiant-es. Les étudiant-es représentent un groupe social particulièrement précarisé, et les étudiant-es femmes le sont d’autant plus. Des inégalités spécifiques les touchent dans l’enseignement supérieur et la recherche.
Quelques exemples d’inégalités de genre dans l’Enseignement Supérieur et la recherche (ESR) :
- Le coût de la vie étudiante est en moyenne plus élevé pour les femmes que les hommes
- L’accès aux études supérieur et à leur niveau est marqué par des inégalités de genre. Majoritaires en licence en master, les femmes sont minoritaires en doctorat.
- Dans nos facs et écoles, les inégalités et violences transphobes sont accentuées pour les étudiant-es transgenres : non-respect du prénom et pronoms d’usage, remarques, agressions, précarité étudiante accentuée par des parcours de transition
- Les études supérieures reflètent les assignations sociales aux femmes et aux hommes. Les hommes sont majoritaires dans les formations élitistes et les cursus scientifiques. Dans un même domaine d’études, par exemple en médecine, les hommes vont être plus nombreux dans les formation de chirurgien et les femmes majoritaires dans celles d’infirmières
- Ces différences genrées ont des conséquences concrètes sur les niveaux de vie futurs. Les formations majoritairement étudiées par les femmes sont moins bien rémunérées (formations de lettres, sciences humaines, para-médicales, sociales…)
- à cela s’ajoute le sexisme quotidien : remarques déplacées, infantilisantes, commentaires sur les tenues vestimentaires, invisibilisation des femmes dans certains programmes universitaires
Focus : Les VSS dans nos facs et nos écoles
- Près d’1 étudiant-e sur 10 déclare avoir été victime de violence sexuelle dans l’ESR.
- 1 étudiant-e sur 10 a été victime d’agression sexuelle en école de commerce.
- 1 victime de viol sur 4 en a été victime plusieurs fois.
- 1 étudiant-e sur 20 déclare avoir déjà été victime de harcèlement sexuel, et 1 étudiant-e sur 10 en avoir déjà été témoin.
- 17% des étudiant-es ont déjà été témoins d’exhibition sexuelle.
- 20% des étudiant-es ont déjà été témoins d’injures LGBTIphobes.
- 1 victime sur 3 de viol ont eu peur d’aller en cours ou de participer à la vie étudiante et ont eu des difficultés à s’impliquer dans leurs études.
- 1 victime sur 2 ont eu leur santé impactée
Ce sont des violences systémiques, autant lors d’événements festifs que durant la vie quotidienne des étudiant-es et elles s’étendent à tout type d’établissement, public comme privé. Elles sont commises par des étudiant-es, des enseignant-es et des membres du personnel.
Pour un féminisme de classe : Exigeons des droits pour les travailleuses
Lutter pour les droits des femmes, c’est lutter pour que les conditions matérielles d’existence de ces dernières soient améliorées.
Aujourd’hui, les métiers occupés majoritairement par des femmes continuent d’être peu reconnus, mal rémunérés et ce constat s’aggrave dès que l’on s’intéresse aux femmes immigrées. De plus, les femmes occupent souvent un travail à temps partiel, notamment puisqu’elles continuent de réaliser la plupart des tâches domestiques quotidiennes au sein des foyers.
Notre féminisme ne doit pas se contenter de modifier nos comportements individuels mais surtout viser la défense et l’obtention de droits pour les travailleuses. Aussi, le 8 mars, nous devons revendiquer de meilleurs salaires et plus de moyens dans les métiers du ménage, du soin, de la santé et de l’éducation.
Pour un féminisme anticapitaliste :
Bien que des droits ont pu être obtenus pour les femmes sous le capitalisme, ce système ne peut ni les rendre effectifs, ni les garantir de manière pérenne. En effet, dès que le capitalisme rentre en crise, les droits des femmes se trouvent menacés (comme les droits des personnes LGBTI, immigrées et handicapées).
Nous pouvons constater qu’à l’international, les droits des femmes reculent, notamment avec la remise en cause du droit à l’avortement en Pologne et aux États-Unis. Lorsque Macron affirme la nécessité d’un réarmement démographique, ces mots nous rappelle que la France n’est pas épargnée.
Limiter les dépenses publiques, l’investissement dans les services publics du soin, de la santé, de l’éducation renvoie ces tâches aux femmes, au sein des foyers. Lutter pour les droits sociaux et contre la casse des services publics c’est ainsi lutter contre le travail gratuit au sein des foyers, source d’une deuxième journée de travail pour les femmes. Aujourd’hui nous devons lutter pour les droits des travailleuses. Mais si nous voulons pérenniser ces droits, nous devrons demain lutter pour un changement de société !
Pour un féminisme antifasciste : L’extrême droite est l’ennemie des femmes
La montée de l’extrême droite est une menace directe contre les droits des femmes. Si l’extrême droite instrumentalise le féminisme pour alimenter le racisme envers les immigré-es. Il ne faut jamais s’y tromper : l’extrême droite n’a jamais défendu et n’entendra jamais défendre les droits des femmes.
Au contraire, l’extrême droite met, dès qu’elle le peut, en péril les acquis sociaux obtenus. L’extrême droite propage une vision traditionnelle du foyer, dans lequel l’émancipation des femmes est relayée au second plan.
Des idées réactionnaires et essentialistes continuent d’être véhiculées au sein de la société, jusqu’à nos universités. L’extrême droite alimente activement ces discours, tentant de tourner en dérision les combats féministes et d’accuser les femmes d’être uniquement des « être émotionnels », incapables de raison. Ces préjugés sont aussi largement diffusés sur les réseaux sociaux, forums et ont convaincu de jeunes garçons, et parfois même des femmes, qui tentent de les propager à leur tour dans leur entourage et dans nos universités.
Pour un féminisme anti-imperialiste et internationaliste plus important que jamais !
La lutte pour les droits des femmes ne s’arrête ni aux portes de nos universités, ni aux frontières de notre pays. Partout dans le monde, la lutte pour les droits des femmes se poursuit. Et les guerres inter-impérialistes les mettent en péril : crimes de guerre (viols, trafics sexuel, etc.), recul des droits sociaux, militarisation, politiques natalistes, ces éléments sont la conséquence des crises de l’impérialisme.
Alors que les organisation féministes ayant pris position en soutien au peuple palestinien sont menacées par l’État, affirmer un féminisme anti-impérialiste est plus important que jamais.
Combattre la colonisation et l’impérialisme, c’est combattre le système capitaliste, source d’oppression des femmes. Comme l’affirme Florence Hervé « on ne peut arriver à quelque chose que dans le collectif, avec la solidarité dans les nations et la solidarité internationale »
Pour un front de lutte féministe : Nos luttes sont féministes toute l’année
Toute l’année, les syndicats doivent s’efforcer d’être un lieu de rupture avec l’inertie des rapports sociaux habituels et permettre l’émancipation de tous et toutes en leur sein !
Changer de société ne pourra pas se faire sans les femmes et pour ce faire, nous devons nous former ensemble, créer des espace sains d’entraide, d’émancipation et gagner en confiance lorsqu’il s’agit de politique.
Le 8 mars est une journée importante de visibilité des luttes pour les droits des femmes partout dans le monde. Toutefois, la lutte doit continuer au-delà !