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Les eaux glacées des écoles d’ingénieurs

Les écoles d’ingénieurs occupent dans le paysage de l’Enseignement Supérieur une situation particulière. Sélective aussi bien socialement qu’académiquement, privilégiée par la politique budgétaire du Ministère, haut-lieu de la production des élites, elles sont un des moteurs de la mise en place du néo-libéralisme dans l’Enseignement Supérieur.

Paradoxalement elles sont aussi victimes de cette politique. Les différents Ministres qui se sont succédés les somment de procéder à différentes fusions et à trouver des financements extérieurs. Cependant les différentes directions des écoles réagissent en organisant une fuite en avant : augmentation des frais d’inscription, fusions hasardeuses, abandon de l’enseignement scientifique et technique au profit du management et de la finance, paupérisation du reste de l’Enseignement Supérieur, course aux classements internationaux.

L’exemple du groupe Centrale illustre ce phénomène. A Nantes une fusion est en train d’avoir lieu entre l’École Centrale Nantes et les différentes composantes scientifiques des Universités (UFR, IUT, Polytech). Pour ces dernière cela annonce un changement rude de statut, ils passeront de la réglementation nationale pour les Universités en termes de frais d’inscription, d’admissions et de représentation étudiante dans les conseils (les plus favorables pour les éudiant-e-s) à celui d’un EPSCP à statut particulier (et encore non existant). Cela entraînera une hausse des frais d’inscription, une sélection rigoureuse et une réduction du poids des étudiant-e-s dans la direction des établissements. Il y a aussi le risque d’une captation des budgets par l’École Centrale de Nantes aux dépends des anciennes composantes, donc une dégradation des conditions de travail et d’études. Un projet similaire est aussi en cours à Valenciennes où l’université (UVHC) souhaite fusionner l’UFR de sciences (ISTV) avec 2 écoles d’ingénieurs pour créer un INSA Hauts-de-France.

Centrale Lille, quant à elle, veut procéder à une fusion avec Chimie Lille et l’ENSAIT, doublée par une réforme pédagogique au sein de l’École qui veut réduire le temps de travail présentiel (types cours magistraux ou TD) au profit du travail non-encadré (type MOOC ou apprentissage par problèmes). Le but, clairement affiché par la direction, est d’augmenter le nombre d’étudiant-e-s afin de mieux paraître au sein des classements internationaux, mais surtout d’augmenter les entrées d’argent. Le Ministère a clairement décidé que les dotations soient conditionnées à ce processus de fusion. Cependant les formations ne peuvent fonctionner selon une logique purement comptable et c’est vers une dégradation des études que se dirige Centrale Lille.

Enfin, abordons le cas Centrale-Supélec (fusion de Centrale Paris et Supélec). Cette dernière vient de décider d’augmenter les frais d’inscription, les quintuplant en 2 ans. Cette hausse des frais d’inscription intervient suite à la fusion, cette dernière ayant entraîné des coûts d’organisation. De plus, la nouvelle école doit programmer son déménagement vers Saclay (Centrale Paris se trouvant actuellement à Châtenay-Malabry et Supélec à Gif). Cela se traduit par conséquent par des coûts supplémentaires.

La logique affichée ayant entraîné les différentes fusions est la volonté de mieux paraître dans les classement internationaux. Le résultat paraît plus que douteux et entraîne des surcoûts bureaucratiques à cause de la mise en place de nouvelles administrations. Les futures étudiant-e-s de Centrale Lille et Centrale Nantes peuvent légitiment s’inquiéter quant à une augmentation des frais d’inscription. Nous retrouvons ces problématiques à une plus grande échelle aux niveaux des universités.

Les premières victimes de la course à « l’excellence » aussi bien à l’université que dans les grandes écoles sont toujours les étudiant-e-s et parmi elles et eux les plus précaires.

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