Généralisation du contrôle continu et fin des rattrapages ?
Les étudiant-e-s salarié-e-s et empêché-e-s, premières victimes !
Depuis plusieurs années, un certains nombre d’établissements comme Strasbourg, Brest ou Lyon 3, expérimentent le contrôle continu intégral, qui est souvent cité comme une avancée nécessaire pour l’enseignement supérieur.
Cependant, il y a quelques années, l’université de Strasbourg avait tenté de supprimer des sessions de rattrapages en fin de semestre. Attaquée en justice, une jurisprudence est finalement émise, interdisant aux universités de décider de supprimer des sessions de rattrapage.
Alors qu’il y a 3 semaines Thierry Mandon avait annoncé renoncer ces suppressions pour l’année à venir, le ministère a fait volte-face une semaine plus tard pour autoriser les universités qui le souhaitaient à supprimer la deuxième session d’examen dans le cadre du contrôle continu.
Le contrôle continu, une avancée… si on s’en donne les moyens !
Que penser du contrôle continu ? Évaluer les étudiant-e-s tout au long du semestre est une méthode d’apprentissage bien plus efficace et pédagogique que des partiels ponctuels, précédés d’une semaine de révisions intenses. Répartir le travail dans la durée, quitte à en augmenter la quantité, est une méthode qui s’avère bien meilleure. Cela permet aussi plus d’échanges de savoirs, plus de co-constructions et plus de diversifications des épreuves.
Mais encore faut-il en avoir les moyens ! En effet, un contrôle continu nécessite l’organisation d’évaluations régulières, donc d’un travail professoral bien plus conséquent, ce qui implique en particulier une meilleure formation, et une meilleure rémunération des chargé-e-s de TD, dont la plupart sont non-titulaires.
Il est aussi nécessaire d’alléger les effectifs des TD et TP : des groupes de 20-25 en TD et non de 70, comme les classes prépas les plus chanceuses. Un tel niveau d’encadrement est aujourd’hui loin d’être atteint. Les syndicats d’enseignant-e-s estiment à 30 000 le nombre de postes d’enseignant-e-s à créer pour atteindre un taux d’encadrement à l’université comparable à celui des classes préparatoires.
Mais surtout, pour bénéficier des avantages que procurent le contrôle continu, il faut que les étudiant-e-s aient du temps. Du temps hebdomadaire en plus des cours pour travailler les cours et les TD. Or, et on ne cesse de le répéter à chaque communiqué, la moitié des étudiant-e-s doit se salarier pour financer ses études pendant l’année universitaire. En rajoutant à cela le temps de transport qui peut atteindre plusieurs heures par jour, on est loin des conditions optimales pour passer un contrôle continu avec succès.
Les rattrapages restent nécessaires
En parallèle, le Ministère refuse obstinément de légiférer sur un statut et des aménagements spécifiques précis pour les étudiant-e-s salarié-e-s ou empêché-e-s, laissant cette tâche à la discrétion des établissements et des formations.
Solidaires étudiant-e-s exige donc le maintien de toutes les sessions de rattrapages dans toutes les universités et formations concernées par le contrôle continu intégral et que les moyens humains et financiers soient mobilisés pour cela.
Mais également, que soient prises en compte les difficultés liées au salariat des étudiant-e-s ou à d’autres empêchements par un statut et des aménagements fixés nationalement et à terme par de véritables mesures visant à supprimer le salariat étudiant : de l’augmentation des bourses et élargissement des critères sociaux jusqu’à l’instauration d’un salaire étudiant.
Face à cette situation, supprimer les sessions de rattrapages va s’avérer être nuisible à beaucoup d’étudiant-e-s, notamment les étudiant-e-s salarié-e-s et empêché-e-s (situations de handicap, longues maladies, parent-e-s…). Les arguments invoqués par les directions d’université sont que les rattrapages n’auraient lus de sens avec le contrôle continu, mais derrière se cachent en réalité des motivations financières et une certaine vision de l’évaluation, qui veut accentuer la peur de l’échec tout au long de l’année en supprimant les rattrapages. On a là une nouvelle preuve que le manque de financements publics de l’Enseignement Supérieur nuit très concrètement à la qualité de nos études et à notre capacité à les mener à bien. C’est également la preuve que les considérations des directions universitaires sont déconnectées des réalités que vivent les étudiant-e-s les moins fortuné-e-s.
Solidaires étudiant-e-s, syndicats de luttes
Porte-parolat : 06.86.80.24.45
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