Sous la pression des mobilisations du début du mois de mars, notamment étudiantes et lycéennes, le gouvernement a tenté de diviser le mouvement de contestation contre la loi travail en feignant de réformer son texte. Parmi ces mesures hypocrites, c’est la « garantie jeune » que la Ministre a remis sur le devant de la scène. La « garantie jeune », revendication commune aux organisations étudiantes UNEF et FAGE, supposé dispositif d’insertion professionnelle, prévoit une aide de 461,26 euros mensuels pour toute personne peu ou pas diplômée de 16 à 25 ans disposant de revenus inférieurs au RSA, ainsi qu’un accompagnement renforcé des responsables de missions locales pendant un an. La Ministre a annoncé vouloir la généraliser en 2017 – juste avant les élections…
Premièrement : cette déclaration a suffi à la FAGE pour justifier un soutien à une loi qui, rappelons-le, repose sur la destruction des droits fondamentaux des travailleur/se-s. Deuxièmement, comme le remarque l’UNEF, cette annonce n’a été suivie d’aucune garantie budgétaire : il faudrait, pour que cette garantie soit effectivement « universalisée » qu’elle touche 900 000 personnes – contre les 100 000 annoncées par le gouvernement – ce qui implique de débloquer presque 5 milliards d’euros, sans compter le financement des missions locales et la formation de leurs personnels. Enfin, même si ces budgets étaient effectivement débloqués, la mesure pourrait se révéler davantage un danger plutôt qu’une véritable avancée concernant la précarité des 16-25 ans.
On comprend qu’étant donnée la précarité actuelle qui caractérise les franges non scolarisées et/ou au chômage des 16-25 ans, l’extension de la garantie jeune puisse susciter un soulagement ou apparaître comme un pis-aller. Mais il faut alerter sur le caractère extrêmement dangereux d’une telle mesure. En faisant des « jeunes » les cibles de politiques publiques spécifiques, le gouvernement les instrumentalise pour construire des droits sociaux au rabais. Rappelons que jusqu’à 25 ans, on ne peut pas bénéficier du RSA ; que la garantie jeune engage celles/ceux qu’elle concerne à enchaîner des stages (rémunérés bien en-dessous du seuil de pauvreté), des périodes d’apprentissage, des contrats précaires ou sous-payés. Sous prétexte de nous « confronter aux situations réelles de l’entreprise », on se sert de nous comme d’une main d’oeuvre bon marché, sans assurance d’une embauche pérenne – et, détail non sans importance, comme une main d’oeuvre potentiellement servile, à laquelle on a inculqué les « codes et règles de l’entreprise ». Le tout, aux frais de l’État, donc des cotisations sociales, aux frais du collectif, du travail. En bref, la garantie jeune, c’est notre précarité financée par une partie de la rémunération des salarié-e-s – et pire, inscrite comme un droit…
Solidaires étudiant-e-s rappelle donc : => que la loi travail n’est en aucun cas négociable ni amendable ;
=> que seule la lutte paye
=> que la FAGE n’est pas un syndicat et ne peut en aucun cas prétendre défendre les droits des étudiant-e-s ;
Nous proposons, en alternative à ces fausses mesures :
=> l’intégration des 16-25 ans au régime du droit commun (RSA, sécurité sociale)
=> la rémunération des stages à hauteur du SMIC
=> à court terme, l’augmentation du RSA et l’indexation des revenus sur l’inflation
=> à moyen terme, la mise en place d’un salaire socialisé
Solidaires étudiant-e-s, syndicats de luttes Porte-parolat : 06.86.80.24.45 https://solidaires-etudiant.org/site/ contact@solidaires-etudiant-e-s.org