À la rentrée 2015, alors que l’on comptait 45 000 étudiant-e-s en plus dans l’enseignement supérieur, des milliers d’entre elles et eux ont été laissé-e-s à la porte des universités. Pour éviter ce phénomène des « sans-fac », qui s’était accompagné de mobilisations étudiantes sur les campus pour réclamer plus de moyens, le gouvernement s’est vu forcé de réagir. Mais pas question de mobiliser de l’argent public pour que les universités puissent accueillir plus d’étudiant-e-s en embauchant des professeur-e-s ou en augmentant le nombre de salles. C’est aux étudiant-e-s de s’adapter.
Les mesures concernent en particulier les filières les plus prisées comme les STAPS (Sciences et techniques des activités physiques et sportives), la PACES (Première année commune aux études de santé), le droit, et la psychologie. Pour celles-ci, qui concentraient en 2015 plus de la moitié des premiers vœux, un système de « vœu unique » a été instauré. Le ou la lycéen-ne émettra un vœu pour une filière et non plus pour un établissement ou une université. Son vœu portera sur toutes les filières d’une académie – par exemple : psychologie dans l’académie de Nice – et, à l’intérieur de celle-ci, il-elle classera les établissements par ordre de préférence. Une fois son vœu accepté, il ou elle sera placé-e dans un des établissements de l’académie, en fonction de son ordre de préférence et du nombre de demandes pour chaque établissement.
Cette mesure est contre-productive car elle risque d’entraîner l’allongement du temps de transport des étudiant-e-s entre leur domicile et leur lieu d’études. C’est notamment le cas en Île-de-France où les trois académies de Paris, Créteil et Versailles ont été regroupées sous un même vœu. Ce système favorise la sélection sociale : les étudiant-e-s issu-e-s de familles plus fortuné-e-s pourront se permettre de se loger à proximité de leur lieu d’études dans des conditions favorables, tandis que les autres seront soumis-e-s à des trajets importants ou devront loger dans les logements parfois insalubres, voir se verront interdit de formation par manque de moyens pour les moins aisé-e-s d’entre elles et eux.
Une autre mesure oblige les lycéen-ne-s à choisir au moins une filière non sélective – à savoir, une université de leur académie de rattachement – pour être certain-e d’être admis-e dans au moins un établissement et de ne pas se retrouver sans fac. Cette mesure doit s’accompagner d’une réelle orientation des étudiant-e-s pour un choix réfléchi des filières libres. Ainsi la commission d’orientation post-secondaire et l’accompagnement par les enseignant-e-s ne doivent pas rester qu’un vain mot et s’accompagner de réelles ressources pédagogiques et financières.
Cette mesure doit également aller de pair avec une augmentation des moyens de ces filières sans capacités d’accueil limitée. Le risque d’un tel mécanisme est d’accélérer leur transformation en « filières poubelles » surchargées, reproduisant des mécanismes de compétitivité universitaire très à la mode au ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche : des étudiant-e-s d’origine aisée, admis-e-s dans des filières sélectives, et d’autres relégué-e-s dans des filières poubelles en manque de salles et de professeur-e-s.
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