Le 84e congrès de l’Union Nationale des Etudiants de France a eu lieu à Nantes du 9 au 12 avril. Ce moment qui doit permettre à une organisation de prendre des décisions politiques et stratégiques a été, comme tout un symbole, ouvert par la ministre de l’éducation et de l’enseignement supérieur Najat Valaud-Belkacem.
Si cela pose en premier lieu un problème d’indépendance politique d’un syndicat par rapport à une organisation politique, en l’occurrence le parti socialiste, cela montre aussi à quel point l’UNEF a définitivement abandonné le terrain de la lutte pour l’amélioration des conditions de travail et de vie des étudiant-e-s.
En effet pendant que les syndicats mobilisaient contre les politiques d’austérité du gouvernement, l’UNEF, non seulement n’a pas appelé aux manifestations du 9 avril contre la loi Macron, mais a en plus invité à un congrès « syndical » une représentante du gouvernement qui impose cette loi et qui s’attache à soumettre aux intérêts privés l’ensemble des secteurs d’activité professionnels et l’enseignement supérieur. Rappelons que son gouvernement est responsable de la loi Fioraso qui enterrine un peu plus la logique de privatisation, qu’il est responsable du manque de moyens publics alloués aujourd’hui à l’enseignement supérieur… et si l’UNEF est restée muette au moment de la mise en place de la loi fioraso, de la loi macron comme du reste c’est que cette ouverture de congrès par la ministre n’était pas seulement une visite de courtoisie mais bien un acte de collaboration. Une question est alors légitime : peut-on encore parler de « syndicalisme » quand une organisation marche main dans la main avec un gouvernement austéritaire, marchant lui-même dans la lignée du précédent et servant les intérêts du patronat?
Nous affirmons qu’il faut plus que jamais construire un syndicalisme interprofessionnel indépendant de toute organisation politique, qui répond au gouvernement de manière radicale par une présence au quotidien dans toutes les luttes, par la démocratie directe, l’autogestion, l’inventivité, le dynamisme et des perspectives concrètes pour inverser la tendance, redonner espoir et avancer vers la victoire du mouvement social.